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Le monde à table...
J'y mets mon grain de sel !


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Lorsque la faim nous tenaille, inévitablement surgit cette question : qu’est-ce qu’on mange ? L’heure des repas rythme nos vies. L’alimentation, répondant tant à nos besoins physiques que psychologiques, demeure au cœur de nos préoccupations quotidiennes. Mais, au-delà de l’acte de manger, pour les jeunes, et de la liste d’épicerie, des courses et de la préparation des repas, pour les autres, quels sont les impacts de notre alimentation sur notre santé, l’environnement et le développement des sociétés d’ici et d’ailleurs ?

Sans que nous en soyons toujours conscients, notre consommation alimentaire concourt à l’essor d’une mondialisation marchande où seuls les critères économiques sont considérés. De plus, notre alimentation contribue à la dégradation de l’environnement et à l’altération des relations internationales, car « derrière la faim d’un pauvre, il y a le luxe d’un riche(1) … »À l’heure actuelle, 1 personne sur 7 ne mange pas à sa faim, pendant que 1 personne sur 12 souffre d’avoir trop ou mal mangé.

Dans ce contexte, l’éducation à la citoyenneté, à l’environnement et au développement international axée sur la sensibilisation à une consommation responsable revêt toute sa pertinence. Par ailleurs, étant quotidiennement en relation avec de jeunes citoyens en devenir, faisant office de guide, de référence, voire de modèle, votre engagement, personnel et social, prend toute son importance. 

Le monde à table… J’y mets mon grain de sel ! invite les élèves du troisième cycle du primaire à participer au développement d’une société consciente et responsable. Pour ce faire, nous aborderons, à travers un jeu de rôles et un recueil d’activités complémentaires, différentes thématiques relatives à la problématique alimentaire. En voici un avant-goût…

Comment la colonisation des Amériques a-t-elle permis la mise en place du système agricole mondial qui perdure aujourd’hui ? Quelles ont été les révolutions agricoles et quels sont leurs impacts sur l’environnement et le développement des sociétés d’ici et celles d’ailleurs ? Pourquoi le nombre d’affamés continue-t-il d’augmenter alors qu’il ne s’est jamais produit autant de nourriture qu’aujourd’hui ? En quoi sommes-nous complices de cette tragédie, et comment y remédier ?

La colonisation (haut de page)

Esclavage

La découverte des Amériques était un gage de richesse pour les Européens. Portugais, Espagnols, Hollandais, Français et Anglais ont cherché à tirer profit de ces empires nouvellement constitués. Mais pour exploiter ce vaste territoire, il fallait de la main-d’œuvre. C’est ainsi qu’entre le XVIe et le milieu du XIXe siècle, 11 millions d’Africains ont été déracinés de leur terre natale, pour être réduits à l’esclavage en Amérique (2). En route vers le Nouveau Continent, près de deux millions d’entre eux auraient trouvé la mort, tant les conditions du voyage étaient épouvantables (3).

Cultures d’exportation

Dès le XVIe siècle, avec la force des esclaves, les colonies fournissaient du sucre aux puissances coloniales. Les premiers spécimens de canne à sucre, jusqu’alors plutôt associée à la médecine qu’à l’alimentation, accostèrent dans les Antilles avec Christophe Colomb. Puis, les cultures de café, de riz, de cacao et d’indigo ont été implantées progressivement en Amérique. Considérées comme des denrées de luxe, ces cultures d’exportation étaient principalement destinées à l’élite européenne. Quant à la culture du coton, il fallut attendre le XVIIIe siècle pour que Philip Mille, alors conservateur du Jardin botanique de Chelsea, en Angleterre, envoie en Amérique du Nord, plus spécifiquement en Georgie, des semences de cette plante arbustive pour la voir envahir les champs américains. L’exode massif d’esclaves vers l’Amérique, privant l’Afrique d’une population capable de lutter contre l’envahisseur, facilita la colonisation de ce continent au cours du XIXesiècle. Là encore, les richesses minières furent pillées, et des esclaves furent exploités, entre autres, pour approvisionner l’Europe de denrées alimentaires de luxe, tel le cacao.
 
Ainsi, la majorité des pays aujourd’hui dits « en développement » ont été forcés, dès l’ère coloniale, à favoriser des cultures destinées à l’exportation aux dépens de cultures de subsistance. Force est de constater que la richesse des pays du Nord repose en grande partie sur l’exploitation, s’étalant sur plusieurs siècles, des ressources naturelles et humaines des pays du Sud. 

Les révolutions agricoles (haut de page)

Abolition de la jachère

La pratique de la jachère, consistant à laisser la terre se reposer après une ou plusieurs années de culture, fut abolie dans presque toute l’Europe au cours du 18e siècle. C’est aux Pays-Bas, où les terres vierges se faisaient de plus en plus rares, que la technique d’agriculture en continu fut mise au point. Elle fut ensuite introduite en Angleterre, puis en France. En augmentant les surfaces cultivées, ce type d’agriculture fit croître les rendements céréaliers de 40 % (4). L’augmentation des vivres s’est accompagnée d’un accroissement rapide de la population. Ce « boum » démographique provoqua la migration massive de paysans vers les villes. Cet exode rural, en fournissant une main-d’œuvre importante en ville, contribua à la révolution industrielle.

Révolution verte

Après la Deuxième Guerre mondiale, le monde vécut une nouvelle mutation agricole : ce fut la révolution verte. On entreprit de cultiver, sur des millions d’hectares, des semences améliorées en laboratoire. Des pesticides, des herbicides et des engrais chimiques furent mis au point pour pallier la fragilité inhérente aux vastes monocultures(5). La machinerie développée permit de réduire les coûts de main-d’œuvre et d’accroître la productivité. Les États-Unis, pionniers de la modernisation de l’agriculture, la Banque Mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) voyaient dans cette révolution un moyen lucratif de multiplier le rendement des récoltes des pays en développement. En effet, les bénéfices des multinationales productrices de produits chimiques, pétrochimiques et pharmaceutiques commercialisant les nouveaux intrants agricoles feraient des pas de géant. Les États-Unis, le FMI et la BM offrirent donc des prêts au Mexique, aux Philippines, aux Indes, à la Thaïlande et à plusieurs autres pays en développement pour acquérir des intrants agricoles, payer des experts agronomes occidentaux et construire des infrastructures pour une irrigation d’appoint.

Les conseillers en développement des pays du Nord, à l’instar des métropoles de l’ère coloniale, amenèrent les paysans du Sud à troquer leur agriculture de subsistance pour des monocultures destinées au marché international en agitant quelques dollars comme à une autre époque, quelques verroteries servant d’appât. C’est alors que les pays en développement mettaient le doigt dans un engrenage sans fin : pour rembourser les prêts octroyés, notamment pour moderniser l’agriculture, les pays débiteurs seraient désormais contraints d’augmenter leurs exportations, unique moyen d’acquérir des devises.

Seuls les paysans les plus riches des pays en développement furent à même d’opérer la révolution verte. Les paysans plus pauvres, acculés à la faillite à cause de la concurrence, durent, pour une majorité, vendre leurs terres (6). Tandis que la révolution verte rendait les premiers dépendants de facteurs qu’ils ne contrôlent pas (prix des semences, des machines, des pesticides, des engrais chimiques et prix de vente de leur production), elle contribuait à la migration massive des seconds vers les bidonvilles des méga-agglomérations en devenir. Ces paysans exilés formèrent une force de travail idéale pour les sweatshop (7) des zones franches (8). Le nombre de villes du tiers monde dont la population dépassait 10 millions d’habitants fut multiplié par 20 depuis les 30 dernières années (9). Cette concentration de la population dans les zones urbaines engendra inexorablement chômage et exclusion (avec lesquels riment violence, drogue, prostitution et gangs), ayant pour conséquences une profonde dévalorisation et souvent l’éclatement de conflits culturels et sociaux (10). La pauvreté qui en résulta constitue le fondement même de la faim.

Biotechnologies

Aujourd’hui, avec l’évolution des biotechnologies, l’agriculture vit une révolution sans précédent, puisque ce qui est vivant se voit modifier, peut-être irrémédiablement. Bien que les plantes transgéniques existent depuis 1985, leur culture s’est surtout développée au cours des 10 dernières années. Les principales multinationales (11) productrices d’intrants agricoles sont les mêmes qui développent les semences génétiquement modifiées. En perpétuelle quête de profits, elles tentent d’envahir le marché mondial. Toutefois, certains pays en développement refusent d’introduire des semences génétiquement modifiées sur leur territoire. « Les OGM constituent sans doute la plus grande menace pour la sécurité alimentaire, parce qu’ils permettront aux transnationales de prendre le contrôle des semences et de la production alimentaire (12). »

Les causes de la faim (haut de page)

Révolution verte

La révolution verte, censée mettre un terme à la faim, a plutôt contribué à affamer davantage d’êtres humains. En dépossédant le paysan et en multipliant le nombre de ruraux sans terre, elle a conduit des milliers de familles dans le gouffre de la pauvreté (13). Sans travail donc sans argent, ces familles se sont retrouvées dans l’impossibilité de se procurer des vivres.

Pesticides et engrais chimiques

Les monocultures contribuent fortement à l’appauvrissement des sols. L’usage de pesticides (pour pallier à la vulnérabilité des monocultures) et d’engrais chimiques (pour suppléer les méthodes traditionnelles d’amendement en fumier), a pour effet de contaminer les sols, l’eau, l’air, les animaux et les êtres humains. La contamination de l’eau voyageant sur toute la surface du globe (sous forme liquide ou gazeuse) a pour conséquence la pollution des régions les plus reculées, incluant celles épargnées de toute industrialisation. À titre d’exemple, près de 200 produits chimiques ont été détectés dans le corps d’Inuits du Groenland qui n’avaient jamais été en contact direct avec des pesticides ou autres produits toxiques. Dans certains cas, les concentrations de ces toxines étaient si élevées que certains de leurs tissus auraient pu être classés dans la catégorie des déchets dangereux (14).
 

Cultures ininterrompues et coupe abusive d’arbres

Les cultures ininterrompues, la rotation insuffisante et la coupe abusive d’arbres qu’exige le productivisme actuel dégradent encore davantage la qualité des terres. Environ 14% des sols des pays en développement sont accaparés par des cultures d’exportation (15). Dans le cadre de la révolution verte, certaines régions du Sahel, au sud du désert du Sahara, ont vu leurs fermiers, encouragés par des hommes d’affaire européens, troquer leur culture de subsistance pour une culture d’arachides destinée à l’exportation. Les meilleures terres y ont été consacrées, faisant reculer les cultures vivrières aux abords du Sahara. Entre 1954 et 1968, la zone utilisée pour la culture des arachides au Sahel a augmenté de 400% (16). Parce que la culture d’arachides est très exigeante pour les sols et que les fermiers aux prises avec des dettes ne pouvaient laisser leurs terres en jachère, de vastes étendues de terres se sont transformées en désert et ne sont désormais plus cultivables. L’agriculture intensive, le surpâturage et le déboisement qui en résulte demeurent les principales causes de la désertification.

Changements climatiques

Les changements climatiques causés par la transformation des cycles habituels de température (la variation de la durée des saisons ou l’augmentation de la température de quelques degrés) ainsi que par les catastrophes naturelles plus fréquentes qu’ils occasionnent figurent parmi les causes de la faim dans le monde. Selon l’organisation World Disaster Report, « en 1999, 58 % des réfugiés de la planète ont quitté leurs pays en raison de catastrophes naturelles, ce qui représente une proportion sans précédent (17). » Principalement causés par les émissions de gaz à effet de serre, les changements climatiques sont, pour une bonne part, attribuables au transport de marchandises. On estime que les aliments ont voyagé en moyenne 2 500 km avant de se retrouver dans notre assiette (18). Il apparaît de plus en plus évident que le « naturel » des catastrophes possède un visage… humain !

Dumping

Une autre cause de la faim réside dans la concurrence déloyale que doivent affronter les paysans des pays en développement sur leur propre marché. Le surfinancement de l’agriculture dans les pays industrialisés provoque des surplus qui sont vendus dans les pays en développement à des prix largement inférieurs aux coûts réels de production. (C’est ce qu’on appelle le « dumping ».) Les paysans locaux n’arrivent plus à écouler leurs récoltes et se retrouvent, dans bien des cas, étranglés par les dettes et contraints à vendre leur terre, plongeant alors dans la spirale de la pauvreté.

Dette

La dette extérieure des pays en développement, qui est passée de neuf millions en 1955 à plus de 370 milliards aujourd’hui, contribue à augmenter le nombre d’affamés (19). Selon le Rapport mondial sur le développement humain de 1997 (20), si on annulait la dette des pays en développement, ces derniers seraient à même de consacrer cet argent à des investissements (infrastructures eau, routes, santé, éducation)  «qui en Afrique seulement sauveraient la vie d’environ sept millions d’enfants par année» (21). Les dirigeants du G8, lors du Sommet de Gleneagle, en 2005, se sont entendus pour annuler 18 milliards de dollars, soit 10 % de la dette des pays africains les plus lourdement endettés. Compte tenu que pour chaque dollar emprunté, l’Afrique a remboursé 1,30 $ en intérêt seulement (22), l’effort des pays les plus riches s’avère moins que symbolique.

Guerres

Les guerres (conflits ethniques, religieux ou territoriaux) peuvent décupler des problèmes de famine ou même être à l’origine de la faim. La destruction d’infrastructures (tels les réseaux d’aqueducs ou d’électricité), des maisons ou des terres cultivées hypothèque gravement la sécurité alimentaire. Les réfugiés politiques, concentrés dans des camps, doivent, la plupart du temps, compter sur l’aide alimentaire internationale d’urgence. Ils se retrouvent dépendants des délais d’expédition (vitesse de réaction des pays donateurs, délais de transport et de répartition) des vivres, sans compter que la nourriture envoyée ne parvient pas toujours dans les assiettes de ceux qui en ont réellement besoin et qu’elle n’est pas nécessairement appropriée au régime alimentaire des bénéficiaires. Même terminée, la guerre laisse des traces qui menacent la sécurité alimentaire : dans certains pays, jusqu’à 35 % des terres arables sont incultivables à cause des mines antipersonnel (23).

« Derrière la faim d’un pauvre, il y a le luxe d’un riche (24). » (haut de page)

Le déséquilibre de consommation entre les pays riches et les pays pauvres est gigantesque, mais entre les citoyens riches et pauvres des pays en développement, le fossé est abyssal. La modernisation de l’agriculture a eu pour effet d’accentuer ces disparités. Toutefois, la plus grande bénéficiaire de la révolution verte est nulle autre que l’industrie agroalimentaire, et ce, au détriment des paysans, de l’agriculture, de l’environnement et de la santé des consommateurs.

Dépendance des pays en développement

Dans les pays en développement, c’est une poignée de nantis qui s’enrichissent des cultures d’exportation. Toutefois, ces derniers se retrouvent dépendants des multinationales dites à intégration verticale (contrôlant toutes les étapes à partir de la production jusqu’à la mise en marché d’un produit) qui leur fournissent l’équipement aratoire, les semences, les intrants chimiques et achètent leurs récoltes (cette réalité s’applique aussi aux agriculteurs des pays industrialisés). De plus, les producteurs de denrées destinées à l’exportation sont soumis aux fluctuations imprévisibles et, surtout, artificielles des prix des produits tropicaux, dont la tendance est à la baisse (25). Ces facteurs expliquent que seuls les plus riches, propriétaires de grands espaces et capables de racheter les lopins des petits paysans voisins, ont été capables d’opérer la modernisation d’une agriculture tournée vers l’exportation. Le café, le cacao, le coton, les arachides, les bananes et autres fruits tropicaux, le fourrage pour nourrir le bétail, le tabac, les fleurs coupées et les céréales qui serviront de base à la fabrication de moulée pour animaux domestiques constituent les principales cultures d’exportation, accaparant les meilleures terres arables des pays en développement. À cause de l’insuffisance de cultures vivrières, ces pays se voient souvent obligés d’importer des aliments de base, tels des céréales et des légumineuses, à des prix qui augmentent constamment et dont ils demeurent dépendants. « Un pays ne saurait être indépendant lorsqu’il dépend du bon vouloir des consommateurs susceptibles d’acheter ou non son café ou ses fraises fraîches(…) Il ne peut non plus être libre lorsqu’il dépend des entreprises transnationales pour la tarification, le conditionnement et la commercialisation de ses produits agricoles; ou des pays riches pour ses denrées alimentaires vitales ou son aide alimentaire; ou encore des fonds étrangers pour financer ses importations (26). »

Du côté des pays industrialisés, ce sont les mêmes multinationales de l’agroalimentaire (27) qui contrôlent le transport, la transformation et la commercialisation des aliments. Sur les tablettes des supermarchés, on peut contempler la multitude de choix d’items aux emballages colorés. Les aliments transformés avec l’ajout d’additifs alimentaires (pour donner saveur, texture ou tout simplement pour la conservation) et de colorants renferment maintenant davantage de produits chimiques s’additionnant aux résidus de pesticides qui ont servi à faire pousser leurs ingrédients de base. Alors que l’offre de produits alimentaires dans les pays occidentaux est menée à son paroxysme, il apparaît évident que la faim dans certaines régions du monde résulte entre autres du  système agricole décrit précédemment.

Impacts de nos choix

Nos choix et gestes quotidiens, collectifs et individuels, peuvent contribuer à atténuer ou à aggraver ces problèmes d’importance mondiale. Par exemple, l’achat de produits alimentaires importés, ayant nécessairement voyagé des milliers de kilomètres, cautionne non seulement le système agricole d’exportation et tout ce qui s’ensuit, mais contribue, en augmentant les émissions de gaz à effet de serre, aux changements climatiques à la source de beaucoup de catastrophes « naturelles ». Plus près de nous encore, l’acte non seulement banal mais routinier de se rendre en voiture au supermarché et d’acheter plats cuisinés, croustilles, et ananas en conserve encourage l’industrie agroalimentaire, l’agriculture industrielle et d’exportation, et provoque encore l’émission de gaz à effet de serre… Amener les enfants dans un restaurant rapide ou cuire des hamburgers sur le grill semble tout aussi anodin, mais « la  production d’un seul hamburger entraîne la destruction de 6 m2 de terres arables en Amérique centrale (28). » Nous pourrions noircir des centaines de pages d’exemples de ce type. Voyons plutôt comment agir afin de briser cette chaîne aux conséquences désastreuses.

Les solutions (haut de page)

Il apparaît essentiel d’encourager, tant par notre consommation que par nos subventions gouvernementales, un mode d’agriculture qui soit respectueux de l’environnement et équitable. Afin d’effectuer un nouveau virage, que l’agriculture retrouve sa fonction première de nourrir les gens et non de faire des profits, tant les pays industrialisés que les pays en développement se doivent d’imiter le modèle suisse, où les subventions de l’État pour l’agriculture sont octroyées aux agriculteurs qui utilisent des méthodes écologiques. Ainsi, les petites fermes reçoivent une aide financière au détriment des grosses entreprises agricoles (29). Dans le même ordre d’idées, l’aide internationale dans les pays en développement devrait encore davantage promouvoir l’autosuffisance alimentaire et des projets valorisant le savoir-faire agricole traditionnel des paysans. L’élimination totale de la dette des pays en développement s’avère urgente pour vaincre les injustices Nord-Sud et permettre aux pays en développement de retrouver une certaine autonomie financière. L’implantation d’une taxe analogue au principe de la taxe Tobin sur les spéculations financières serait à même de fournir des fonds aux pays en développement.

Le commerce équitable (30) peut s’avérer une alternative pour se procurer des denrées tropicales, même s’il perpétue une relation de dépendance économique des paysans du sud envers les consommateurs du nord. L’agriculture soutenue par la communauté (31) constitue une alternative viable tant au nord qu’au sud, permettant l’élimination du transport, de la pollution due aux intrants chimiques et aux emballages, et fournissant une nourriture de qualité à proximité. Diminuer notre consommation de viande ou même devenir végétarien, cuisiner soi-même à partir d’aliments bruts, former un groupe d’achats et acheter d’une coopérative d’alimentation, cultiver son potager ou participer à un jardin communautaire, mettre la main à la terre en solidarité avec les paysans de partout dans le monde…, figurent parmi les solutions possibles.

 

Notes (haut de page)

(1) Titre d’une affiche du journal Alternative Libertaire.

(2) RIOUX, Christian. « L’histoire prise en otage », Le Devoir, 14 et 15 janvier 2006.

(3) Mémo Larousse. Librairie Larousse, Paris, 1999, p. 367.

(4) De Ravignan, François. La faim, pourquoi ?, Paris, Édition La Découverte, 2003, p. 64.

(5) Culture à très grande échelle d’une seule et même plante.

(6) LAMBERT, Renaud. « Main basse sur les terres du Parana brésilien », Le Monde diplomatique, janvier 2006.

(7) Ateliers de misère engageant une main-d’œuvre bon marché (entre 1 $ et 0,17 $ l’heure, selon les pays) pour confectionner vêtements, jouets et matériel électronique destinés toujours aux marchés du Nord. Actuellement, environ 150 pays à travers le monde accueillent des sweatshop, où travaillent plus de 27 millions de personnes dans des conditions inhumaines. (KLEIN, Naomi. No logo: Taking Aim at the Brand Bullies, New York, St. Martin’s Press.)

(8) Part de territoire désigné où il est permis d’importer une matière première, de la transformer puis de l’exporter sans payer ni droits de douanes ni taxes.

(9) Norberg-Hodge, Helena, Todd Merrifield et Steven Gorelick. Manger local, Montréal, Éd. Écosociété, 2005, p. 102.

(10) Ibid

(11) Mosanto, Syngenta, Aventis, Dupont, Dow et quelques autres.

(12) Liz Hosben, de la Fondation Gaïa, citée par Madeley, John. Le commerce de la faim, Montréal, Éd. Écosociété, 2002, p. 157.

(13) LAMBERT, Renaud. « Main basse sur les terres du Parana brésilien », Le Monde diplomatique, janvier 2006.

(14) Halweil, Brian et Danielle Nierenberg. Cultiver la sécurité alimentaire. L’état de la planète 2005, Genève, Worldwatch Institute, 2005, p. 93.

(15) Madeley, John. Le commerce de la faim, Montréal, Éd. Écosociété, 2002, p. 56.

(16) William, Laurence et Jean-François Viseur. La famine et la faim, Paris, Édition Gamma, 1993.

(17) Madeley, John. Le commerce de la faim, Montréal, Éd. Écosociété, 2002, p. 58.

(18) Norberg-Hodge, Helena, Todd Merrifield et Steven Gorelick. Manger local, Montréal, Éd. Écosociété, 2005.

(19) Courtemanche, Gil. « Journal de Bretagne », Le Devoir, 9 et 10 juillet 2005.

(20) Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Rapport mondial sur le développement humain, New York, 1997.

(21) Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Rapport mondial sur le développement humain, New York, 1997, cité dans Madeley, John. Le commerce de la faim, Montréal, Éd. Écosociété, 2002, p. 59.

(22) Courtemanche, Gil. « Journal de Bretagne », Le Devoir, 9 et 10 juillet 2005.

(23) Fédération internationale des sociétés de la croix-rouge et du croissant-rouge, World Disaster Report, Oxford, 1996.

(24) Titre d’une affiche du journal Alternative Libertaire.

(25) De 1984 à 1994, le prix du café est passé de 3 000 $ la tonne à 1 000 $ la tonne ; celui du cacao, de 2 500 $ la tonne à 1 250 $ la tonne ; le coton, de 1 750 $ la tonne à 1 400 $ la tonne ; les arachides, de 1 000 $ la tonne à 750 $ la tonne. Quant au prix du sucre, il est demeuré stable à 100 $ la tonne. (Gomband, Jean-Louis. « La grande crise du commerce des produits tropicaux », Le Monde diplomatique, mars 1994.)

(26) George, Susan. Famine et pouvoir dans le monde, Paris, Presses universitaires de France, 1989, p. 31.

(27) Cargill est présente dans les marchés suivants : oléagineux, engrais, céréales, café, cacao, sucre, semences, malt et volaille. Son chiffre d’affaires en 1999 atteignait 46 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB des 15 pays d’Afrique les plus pauvres. (Madeley, John. Le commerce de la faim, Montréal, Éd. Écosociété, 2002, p. 137.)

(28) William, Laurence et Jean-François Viseur. La famine et la faim, Paris, Édition Gamma, 1993, p. 24.

(29) Waridel, Laure. L’envers de l’assiette, Montréal, Éd. Écosociété et Environnement jeunesse, 2003, p. 79.

(30) L'expression « commerce équitable » fait référence aux échanges commerciaux de produits alimentaires ou artisanaux dont la production respecte l'environnement et les droits sociaux des travailleurs.

(31) Un agriculteur biologique fournit un panier de légumes (fruits, viandes ou produits laitiers) hebdomadaire à des familles partenaires qui, en échange, paient à l’avance une partie du montant de la récolte. (www.equiterre.qc.ca)
 

 

Conception Web: Lynne Dionne
Mise à jour 29/5/06

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